Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule
Enfermé et tranquille.
Tu es terrifiant, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint.
Et tu n’es pas un, hélas,
Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions.
Tu es comme le mouton, mon frère
Quand le bourreau habillé de ta peau
Quand l’équarrisseur lève son bâton
Tu te hâte de rentrer dans le troupeau
Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
Tu es la plus étrange des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer.
Et s’il y a tant de misère sur terre
C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés,
Si nous somme écorchés jusqu’au sang
Pressés comme la grappe dans notre vin,
Irai-je jusqu'à dire que c’est de ta faute, non,
Mais tu y es pour beaucoup mon frère.
Nazim Hikmet
1947
4 commentaires:
Beau poème :)
http://tnkhanouff.hautetfort.com/
Oui c'est un beau poème et bien choisi. Le tableau d'illustration est également saisissant.
@Khanouff et Renzo, heureuse que ca vous plait,merci du passage :)
Géniale et superbe reprise ! :)
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